New Memories CD
Un nouveau CD de Marta Kratochvilová et Jan Čižmář, intitulé New Memories et enregistré en Belgique, est sorti récemment. Il comprend des compositions qui forment des ponts entre l’ancienne et la nouvelle musique. D’une part, l’axe de sa dramaturgie est constitué par des compositions de compositeurs modernes qui ont écrit leurs pièces directement pour l’ensemble. Celles-ci sont ensuite mises en dialogue avec la musique des maîtres anciens, animées par l’approche créative unique et distinctive des deux interprètes. Le résultat est une mosaïque captivante, pleine de contrastes et d’interconnexion entre les générations et les différentes perspectives.
Les compositeurs représentés sont :
Štěpán Rak (*1945)
Jean van Vugt (*1958)
František Lukáš (*1977)
Marian Friedl (*1979)
Pau Canyigueral (*1982)
Lukáš Sommer (*1984)
… at aussi : John Dowland, Giovanni Girolamo Kapsberger, Henry Purcell, Leopold I., Jacques-Christophe Naudot, Anonym (Ennemond Gaultier?, Codex Jacobides, traditional)
L’enregistrement en direct de ce programme a été diffusé sur radio Concertzender et est disponible dans les archives de cette radio.
Une campagne de crowdfunding New Memories | Donio vous permet de commander le CD ou de contribuer à sa création.
New Memories est principalement un programme de concert, qui a pris sa forme dynamique lors d’un certain nombre de concerts en direct: 22.4.2024 Brno (CZ), 28.4.2024 Seoul (Korea), 14.7.2024 Hilbesheim (FR), 17.7.2024 Baldenheim (FR), 28.8.2024 Palol de Revardit (ES), 29.8.2024 Girona (ES), 12.10.2024 Vranov u Brna (CZ), 20.10.2024 Berlin (DE), 2.11.2024 Rosario – Bever (BE), 26.11.2024 Bratislava (SK), 27.11. Spišská Nová Ves (SK), 12.12.2024 Santiago de Chile, 13.12.2024 Valparaíso (Chile), 17.12.2024 Mendoza (Argentina), 18.12.2024 Villa Tulumaya (Argentina). Le nouvel album a été ou sera présenté lors des concerts suivants: 12.6.2025 Valtice (CZ), 26.6.2025 Brno (CZ), 27.6.2025 Vizovice (CZ), 16.7.2025 Strasbourg (FR), 24.7.2025 Nonnenhorn (DE), 2.8.2025 Kunín (CZ), 3.9.2025 Kroměříž (CZ), 12.10.2025 Baldenheim (FR), 5.2.2026 Varnsdorf (CZ).
De plus amples informations seront publiées sur ce site.
Textes tirés du livret du CD (CD_NewMemories_booklet)
La mosaïque musicale que vous traversez en ce moment est composée de chansons qui se rapportent au passé, au présent et à l’avenir. Elle contient beaucoup de souvenirs, d’humeurs, d’émotions, de couleurs instrumentales, d’expressions. L’idée de préparer ce programme nous habite depuis longtemps. La musique ancienne cultive notre beauté naturelle, l’esthétique du son et la manière dont les instruments anciens sont joués influencent la formation de la musique qui en est issue. Nous avons essayé de refléter tout cela dans la sélection et l’interprétation des morceaux modernes.
Avec cet album, nous documentons la puissance, la profondeur et l’intemporalité de mélodies parfois simples en apparence et la proximité musicale qui en découle. Au cours de nos plus de quinze années de voyage musical et de vie commune, nous avons progressivement rencontré beaucoup de gens formidables, non seulement d’anciens maîtres, mais aussi de nouveaux, y compris les compositeurs figurant sur ce CD. La sélection n’est donc pas aléatoire, mais basée sur la proximité et l’harmonie, et comme la sélection de pièces de vieux maîtres (bien que souvent oubliés), elle est le résultat du long voyage au cours duquel ces pièces nous ont accompagnés. La manière dont nous les abordons est souvent différente, ne cherchant pas à tout prix l’authenticité historique, mais s’inspirant et devenant ainsi naturellement notre propre musique – celle de nous, les gens du 21ème siècle – donc essentiellement de la musique contemporaine, où les frontières entre interprète, arrangeur et compositeur sont également floues. Le passé reflète l’avenir – et vice versa. C’est ainsi que le nom de l’ensemble du projet a naturellement émergé – New Memories – de nouveaux souvenirs, ou si vous préférez – des souvenirs du futur.
Notre sélection de chansons anciennes est directement liée à leur caractère et à la manière dont leurs auteurs nous parlent.
Il y a des représentants du monde baroque – le brillant compositeur anglais Henry Purcell (ou est-ce William Croft ?), ou l’empereur autrichien Léopold Ier, lié par sa fonction mais manifestement plein de compétence, de talent et d’émotion (ou est-ce son professeur Schmelzer qui a écrit les variations sur sa Ciaccona, conservées dans les archives de Kromeriz ?) Un représentant de la musique baroque française est J.-Ch. Naudot et sa charmante La d’Hastrel. L’élément ballade française prend également vie dans les pièces intemporelles et sans auteur Blanche biche et Une jeune fillette. Dans La canco del lladre, nous nous souvenons de beaucoup de nos amis, et pas seulement de Catalogne. L’Italie est représentée par l’extravagant G. G. Kapsberger et sa Toccata Arpeggiata. Pour nous, la profondeur et la pureté essentielles de leurs compositions constituent une toile sur laquelle nous pouvons créer. Il en ressort une conception non conventionnelle où le rythme, la régularité, la couleur, l’émotion, la direction, l’arrêt sont les pierres de touche – tantôt leur présence l’emporte, tantôt leur absence.
La Renaissance est une source d’inspiration récurrente. Dans la composition bonus de František Lukáš inspirée par la gravure de A. Dürer, une citation de la chanson Flow my tears du compositeur John Dowland, connu sous le nom d’Orphée anglais, vient à l’esprit. Le Nouveau Lachrimae de Pau Canyigueral complète et développe sous une forme cohérente son fragment manuscrit du thème de la fugue. Il a également élaboré un contrepoint moderne à l’ancienne complainte Madre non mi far monaca, dont l’une des nombreuses versions, sous le titre Ich gieng einmal spazieren, provient du Codex Jacobides. Ce monument manuscrit musical unique de la Prague de la Renaissance a été à l’origine d’un CD et d’une édition communs avec M. Jiří Tichota. De ce manuscrit provient une pièce intitulée Sarabande de Gaultier, que nous avons décidé de combiner avec une pièce étonnamment similaire sur le plan thématique, intitulée Dance of hope (Danse de l’espoir) de Marian Friedl, composée à l’origine pour trompette de jazz et contrebasse. Enfin, Renaissance Temptation de Štěpán Rak respire également l’atmosphère de la Renaissance de Prague. Cette mélodie a été utilisée pour la première fois dans le film Fatherland’s Fatherland.
Marta Kratochvílová a Jan Čižmář
Le contenu de l’album :
1. Jean van Vugt (*1958): A New Memory
2. Henry Purcell (1659–1695): Ground in C minor
3. S.M.C. Leopold I (1640–1705): Ciaccona in G
4. Anonymous: La blanche biche
5. Anonymous: Sarabanda de Gaultier
6. Marian Friedl (*1979): Dance of Hope
7. Giovanni Girolamo Kapsberger (1580–1651): Toccata seconda arpeggiata
8. Anonymous (Catalan traditional): La cançó del lladre
9. Pau Canyigueral (*1982): New Lachrimæ
10. Pau Canyigueral (*1982): Contrapunto sobre Madre non mi far monaca – Anonymous: Une jeune fillette – Anonymous: Ich gieng einmal spazieren
11. Lukáš Sommer (*1984): Be water, my friend
12. Jacques-Christophe Naudot (1690–1762): La d´Hastrel
13. Štěpán Rak (*1945): Introduction
14. Štěpán Rak (*1945): Temptation of the Renaissance
15. František Lukáš (*1977): The Melancholy Engraving I
J’ai souvent l’impression que certains souvenirs ne viennent pas du passé mais de l’avenir. C’est pourquoi j’ai écrit quelques chansons intitulées New Memory, dont une que j’ai arrangée pour Marta et Jan. Ce morceau n’est pas basé sur un concept linéaire ou narratif. Il s’agit plutôt d’un instantané, d’un souvenir. Dans ce morceau, il y a une alternance de segments transparents, qui représentent un souvenir du futur, et de segments non transparents qui reflètent le présent.
Pour moi, la musique est comme une fenêtre – il ne s’agit pas de regarder quelque chose, mais d’écouter à travers elle – dans l’espace et vers l’intérieur. Des mélodies et des harmonies accessibles constituent la base de mon travail. Dans cette simplicité, il y a de la place pour la nuance, pour l’émerveillement et pour l’histoire personnelle de l’auditeur.
Jean van Vugt
Dance of Hope est une pièce écrite vers 2010 en réaction à un film que j’ai vu sur l’Holocauste. Je me souviens avoir ressenti le poids de l’impuissance totale qui émanait de toute cette situation, intrinsèquement absurde et incompréhensible. Un groupe de personnes avait décidé d’opprimer un autre groupe de personnes sur la base d’arguments irrationnels et, irréversiblement, étape par étape, un système était né qui, de la discrimination initiale, conduisait à un mécanisme meurtrier aux proportions monstrueuses. J’ai dû penser avec douleur à tous ceux qui, face à l’implacable roue de l’histoire, n’ont pas voulu renoncer à l’idée d’humanité, et qui ont cherché encore et encore l’espoir que tout finirait par s’arranger. C’est ainsi que cette pièce est conçue : elle semble commencer et s’arrêter sans cesse, comme si, à chaque instant, le soleil semblait sur le point de briller, mais restait finalement sous un nuage avec la perspective d’un orage précoce. Nous ne pouvons pas y échapper, nous ne pouvons que danser une dernière danse trébuchante…
Marian Friedl
Lorsque Jan Čižmář m’a parlé de l’existence d’une courte esquisse manuscrite de John Dowland (quelques notes de sa main) et m’a demandé si je souhaitais l’utiliser comme point de départ pour une nouvelle composition, j’ai eu le sentiment qu’un véritable trésor venait d’apparaître devant moi.
Dowland est un personnage puissant de l’histoire de la musique, profondément expressif et étonnamment connu, mais pas encore pleinement connu ou apprécié par le grand public. Sa musique m’a toujours semblé intime et intemporelle, empreinte d’une beauté mélancolique qui résonne à travers les siècles.
Inspiré par ces quelques notes précieuses, et me souvenant de la joie que j’ai ressentie en chantant sa musique lorsque j’étais étudiant au conservatoire, j’ai composé cette courte fantaisie pour luth et flûte. Elle mêle des éléments du contrepoint de la Renaissance à une sensibilité contemporaine. La pièce se déroule sous forme de rondo, le motif original de Dowland revenant sous une forme transformée entre des épisodes contrastés.
J’ai écrit cette pièce pendant des jours de fortes pluies, alors que Valence et ses environs subissaient de graves inondations. Cette atmosphère s’est peut-être retrouvée dans la musique, et c’est pourquoi cette pièce ressemble à une nouvelle sorte de lachrimae, suspendue quelque part entre la mémoire et la nostalgie.
« Madre, non mi far monaca » est le plaidoyer charmant et ironique d’une jeune fille qui supplie sa mère de ne pas l’envoyer au couvent. Cette mélodie traditionnelle, avec sa mélodie lyrique simple et son atmosphère légère, a inspiré de nombreuses versions instrumentales depuis la Renaissance.
Cet enregistrement commence par une introduction nouvellement composée qui cherche à évoquer le monde intérieur et tacite de la protagoniste, un espace d’hésitation, de vulnérabilité et de résistance tranquille, avant que ses sentiments ne s’expriment dans la chanson elle-même. L’introduction crée une base émotionnelle à partir de laquelle la mélodie s’épanouit progressivement.
Pau Canyigueral
La célèbre vidéo où Bruce Lee utilise des nunchakus pour jouer au ping-pong et résume ensuite sa philosophie de vie en quelques mots m’a incroyablement charmé. Ainsi que la forme de poésie japonaise haïku. J’ai noté une idée de mélodie et d’accompagnement dans mon carnet, et lorsque Jan Čižmář m’a demandé d’écrire quelque chose pour lui, il était clair que le moment était venu.
Lukáš Sommer
Le thème de base de Renaissance temptation provient du film Fatherland’s Fatherland, dont j’ai fait la musique avec Jaromír Klempíř. Ce morceau est devenu en quelque sorte mon thème dans le film, par opposition au thème de Klempíř, que j’ai ensuite écrit Variations sur un thème de Jaromír Klempíř. Ce thème s’est ensuite transformé en une suite Renaissance pour guitare, qui existe dans d’autres versions pour orchestre, marimba et orchestre, guitare et orchestre, trio de marimba, quatuor de guitares, … Malgré cela, je reviens toujours au thème de base, et j’aime beaucoup celui que vous avez écrit.
Štěpán Rak
La Gravure mélancolique I a été écrite à l’origine dans une version pour luth de la Renaissance et contre-ténor, mais sa gamme tonale et son caractère permettent de l’interpréter sous une forme purement instrumentale. Elle est née d’une réflexion ou d’une fascination pour l’œuvre d’Albrecht Dürer, Melencolia I. Cette gravure est pleine de symbolisme qui évoque des sentiments de mélancolie au sens le plus profond du terme. Son impact émotionnel est encore renforcé par la technique magistrale de la gravure en noir et blanc.
Le son du luth de la Renaissance est clair et subtil à première vue, mais sa profondeur cache également un timbre brut et parfois presque rauque. Cela évoque, du moins pour moi, un sentiment de mélancolie très similaire à celui de la peinture de Dürer. L’instrument vocal ou mélodique donne ensuite à la pièce des contours plus clairs et aussi ce symbolisme exprimé par les différents fragments mélodiques. La gravure de Dürer nous parle de quelque chose de très fort en nous, que nous pouvons difficilement exprimer par des mots. J’ai donc essayé de l’exprimer par le son.
František Lukáš